Aujourd'hui:
Et si on se prostituait? d'Eva Giraud.
« J'ai cherché du boulot pendant quatre ans. Avec acharnement. Deux heures par jour, cinq jours par semaine. Je n’ai pas eu un seul entretien. J’ai postulé, cent fois, deux-cents fois, postulé encore. Et puis j'ai arrêté de compter.
J'ai 25 ans, je suis au chômage mais ne touche pas le chômage. Que faire quand on ne rentre pas dans les cases ? Eh bien, on fait comme moi, et comme des milliers d'autres : on cherche, on s'occupe, on travaille pour la gloire, et on prend ça avec humour. Et surtout, parfois, on a envie d'étrangler les gens qui nous disent que "quand on veut on peut". »
Elle s’appelle Eva, elle cherche du travail depuis… toujours ? Oui c’est plus ou moins ça. Vous connaissez tous une « Eva », nous sommes tous concernés de près ou de loin par sa situation. Heureusement, Jean-Claude est là pour la soutenir. Et c’est avec humour, bien qu’avec réalisme également, qu’elle nous présente son aventure, pour ne pas dire son parcours du combattant.
« Et si on se prostituait » est un témoignage qui n’emploie pas la langue de bois et qui dénonce une réalité qui ne fait pas toujours plaisir… Mais Eva a le mérite de s’exprimer sur le sujet dans cette nouvelle dont le ton léger permet de ne pas dramatiser le sujet abordé. Car même si la situation est effectivement dramatique pour nombre de jeunes comme Eva, elle a su présenter son expérience avec du recul et un cynisme qui lui va tellement bien…
Eva a 22 ans et un BTS édition un poche, des études qui ont coûtées huit mille euros à ses parents et qui, l'espère-t-elle, lui permettront de bosser dans le milieu de ses rêves. Malheureusement, Eva déchante vite: personne ne connaît ledit BTS et quand on est le fils de personne, on n'est rien. Alors Eva cumule les CV envoyés, les candidatures spontanées. Ses exigences diminuent petit à petit, elle se met à espérer un oui pour tout et n'importe quoi. L'histoire d'Eva c'est l'histoire de milliers de jeunes.
C'est un récit sans tabou, un récit très intime que nous livre ici l'auteure. C'est quatre années de galère intense à voir ses rêves s'effriter petit à petit, ses attentes diminuer de plus en plus. Elle qui rêvait de bosser dans l'édition se retrouve à postuler chez Mcdo ou dans n'importe quelle grande surface qui ne veulent même pas d'elle. On a envie de crier à l'injustice pour elle, pour tous ceux à qui ça arrivent. Je ne suis pas fan de témoignages habituellement mais là c'est très bien passé, l'écriture était fluide et légère, le ton intimiste fait aussi qu'on à envie de tourner les pages plus vite. Quatre ans à suivre mois par mois son évolution, ses coups de gueule, quatre ans à apprendre à la connaître dans les grandes lignes.
Un chouette mini-roman dans l'air du temps, un mini-roman qui nous décrit une situation effarante et où de nombreux jeunes pourront se reconnaître.
Merci aux Éditions Edibitch,
Des bisous!
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