vendredi 13 novembre 2015

Ostland de David Thomas.

Salut les poussins,

Aujourd'hui:

Ostland de David Thomas.

Berlin, 1941. Le jeune et ambitieux Georg Heuser entre dans la police en tant qu'inspecteur à la brigade criminelle. Il est rapidement affecté à la traque d'un tueur en série qui terrorise la ville. Sous la tutelle de son supérieur et mentor, il affirme ses dons d'enquêteur, apprend la loyauté envers ses collègues et se jure d'oeuvrer toujours au service des innocents. Jusqu'au jour où, pour le féliciter, on le promeut au sein de la SS.
Envoyé à Minsk, Georg va prendre en charge l'arrivée des convois de déportés juifs et l'organisation du ghetto. Soucieux de plaire à sa hiérarchie, il obéit aux ordres et s'interdit de penser au crime odieux auquel il est en train de participer. Mais peut-on rester dans cet état d'insensibilité lorsqu'on devient soi-même le monstre qu'on s'est toujours promis de poursuivre ?
Georg est un jeune policier ambitieux. Affecté à la brigade criminelle, il a la chance de travailler sur une enquête des plus importante: la traque d'un tueur en série qui s'attaque à des femmes de tout âge. Son travail est rapidement remarqué et il finit par être envoyé à Minsk.. une nouvelle carrière qui le changera à tout jamais.


Ce roman est tel que je l'imaginais, notre héros également. Georg est un garçon ambitieux qui veut réussir dans la vie. Après la brillante conclusion de sa première grande enquête, il est envoyé à Minsk sans avoir aucune idée de ce qui l'attend et une fois là-bas, il met un temps fou à se rendre compte de ce qui s'y passe réellement. J'ai souvent croisé le côté allemand dans des romans ou des films récemment et ce qui en ressort c'est que beaucoup préférait ne pas savoir et qu'ils se sont petit à petit habitués à voir l'horreur, surtout en ce qui concerne les forces armées. Georg voit ses limites diminuer petit à petit et surtout lui et ses collègues ont une excuse parfaite: ils répondent aux ordres et cela relève de la responsabilité morale de leurs supérieurs et non de la leur, qu'ils doivent avoir une bonne raison pour organiser un tel massacre. Ils vivent dans un déni total, se persuadant que tout cela est normal.. Sans cela, ils perdraient très rapidement l'esprit. C'est ce qui se passe avec Georg et avec tous ses camarades. On se rend bien compte que la plupart n'approuvent pas, bien que certains soient de véritables psychopathes qui ont trouvé un échappatoire légal à leur cruauté. A part eux, presque tous les soldats en sont malades, beaucoup ne sont même pas antisémites, ils pensent juste ne pas avoir le choix. Ils finissent tous par s'abrutir d'alcool afin de tenter d'oublier leurs actes.. A un moment, un personnage du roman dit à peu près que leur plus grande punition est sans aucun doute leurs souvenirs, tous ces visages qui les hantent la nuit.. Je pense que ce personnage dit vrai. (Bien sûr, tout ce dont je parle concerne le livre en lui-même, je ne prétend pas être dans la tête de tous ces soldats, je parle seulement de la vision partagée par l'auteur.)

Après tous ces mois loin de Berlin, ce n'était pas seulement la passion charnelle qui sublimait l'acte physique. J'expérimentais plutôt la glorieuse sensation de m'immerger dans l'acte sublime de la vie, après avoir côtoyé de si près l'ombre de la mort. La chaleur du corps du Biene, ses yeux pétillants, son sourire éblouissant formaient un antidote au monde de ténèbres et de stérilité dans lequel j'avais baigné. Jouir de son amour, c'était se remplir d'une potion magique dont les bienfaits se répandaient en moi, revigoraient mon esprit et m'extirpaient des bas-fonds pour m'emmener vers la lumière du soleil.

Pour en revenir à Georg, son premier gros problème est sans conteste son ambition, il est capable de tout pour que les gens influents aient une bonne opinion de lui, quitte à modifier son discours au besoin.. parfois même dans la même discussion, c'est vraiment incroyable. Souvent je voyais l'homme en lui, celui qui se posait des questions sur la cruauté de ces actes, une vision vite effacée dès qu'il se trouve avec quelqu'un d'autre. C'est un véritable caméléon, encore maintenant je reste perplexe face à son cas. Il ne faut pas croire que ce livre l'excuse ou excuse les nazis de manière générale, pas un seul instant on pense que Georg est un pauvre innocent.. même si cela permet de voir certains côtés humains en lui et en tous les soldats allemands, un joli exploit de la part de l'écrivain. C'était dur néanmoins, très dur. Certaines scènes sont terribles, on ne nous épargne rien, pas même ces horribles meurtres à la chaîne qui m'ont franchement donné envie de vomir.. tout comme notre héros. 

A la fin du livre, l'auteur explique clairement que ce roman est écrit pour poser un questionnement au lecteur: à leurs places, aurions-nous été plus forts, plus courageux qu'eux? C'est une question intéressante dont la réponse est terrifiante, je trouve. Ce qui est sûr, c'est que ce roman est percutant, prenant, triste.. et que je l'ai adoré. Dur mais incroyablement juste, je ne peux que le conseiller même s'il faut savoir d'avance que la lecture n'en sera pas facile.

Merci aux Editions Presses de la cité,

Des bisous!

1 commentaire:

  1. Tu m'as rendu curieuse quand je l'ai vu passer sur ton Facebook. Du coup, il a rejoint ma WL ;-)

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