dimanche 27 janvier 2013

Un heureux évenement, critique du film et épanchement d'une mère.

Aujourd'hui, j'ai vu un film que je voulais voir depuis longtemps. Un film qui m'a profondément bouleversée, émue aux larmes. J'ai du pleurer les 3/4 du temps. J'avais envie de partager cela avec vous.

Ce film c'est "Un heureux évenement", pris du livre d'Eliette Abécassis.

"Elle m’a poussée dans mes retranchements, m’a fait dépasser toutes mes limites, m’a confrontée à l’absolu : de l’amour, du sacrifice, de la tendresse, de l’abandon. Elle m’a disloquée, transformée. Pourquoi personne ne m’a rien dit ? Pourquoi on n’en parle pas ?"
Un heureux événement ou la vision intime d’une maternité, sincère et sans tabous
Que dire? Par où commencer? Mes pensées s'entremêlent et je crois même que j'ai les mains qui tremblent.

Ce film, toutes les mères devraient le voir. Ce film déculpabilise quiconque ressent des sentiments contradictoires après avoir donné la vie. Et crois-moi, la plupart d'entre nous vit tout cela.

En le voyant, je n'ai pu m'empêcher de dire à l'Homme qu'il ne comprendrait jamais. Qu'il ne comprendrait jamais ce par quoi je suis passée, par quoi je passe. Qu'il ne comprendrait jamais ce qu'on ressent en portant un enfant, en lui donnant la vie. En le mettant au monde. Sa réponse, comme d'habitude était: "J'étais là, avec toi, je l'ai vécu aussi". Mais ce n'est pas pareil, loin de là. Quiconque n'a jamais été mère ne s'imaginera même pas un instant ce que cela peut-être.
 "Mais comment faire, alors que je naissais autant qu'elle ? J'étais sa mère et elle était la mienne. Je naissais à elle, je naissais au monde par elle, elle m'avait accouchée et j'en étais douloureuse, bouleversée, cabossée. Je naissais de la naissance de ma fille, éprouvée d'elle. C'était une aventure et nous allions la partager, nous étions condamnées à la vivre ensemble désormais."
C'est passé de l'euphorie à une profonde tristesse. Passé de l'amour à la terreur. L'impuissance. L'amour profond et infini. 

L'héroïne dit, à un moment dans le film: "Je n'ai pas le droit d'être malheureuse. Je suis mère, ça devrait être la plus belle chose de mon existence." C'est vrai, ô tellement vrai. Mais ça ne se passe jamais comme ça dans la réalité. 9 mois à porter la vie, à l'imaginer, à espérer. A espérer que ce soit facile, que cela vienne naturellement. Je ne me suis jamais sentie plus complète que le jour où j'ai donné la vie pour la première fois. Jamais. Jamais je ne regretterai ces expériences. Jamais je ne regretterai ces moments malgré la douleur, la peur, le stress. Si je pouvais, des enfants, j'en ferais des dizaines. Après avoir eu numéro2, je suis capable de dire aujourd'hui que mon amour est infini. Que ces petits êtres sont ce que j'ai et ce que je n'aurai jamais de plus précieux au monde.

La mère de l'héroïne dit également: "J'aimais tellement ton père. La plus belle chose que je pouvais faire c'était lui donner un enfant de cet amour-là."

Ça aussi, ce n'est pas si simple. Un enfant peut éloigner un couple ou bien le souder encore plus. Ou parfois, les deux à la fois. J'ai dit plus haut que l'Homme n'imaginerait jamais ce qui a pu se passer en moi. C'est profond, intense, déstabilisant. Plus d'une fois on pense perdre pied. Plus d'une fois on se dit: "Je n'y arriverais jamais". Ça a l'air plus fort que nous, plus fort que tout. On n'arrive pas à gérer, on se sent sale, on se sent "désacralisée", pour reprendre encore une citation. Quoi de moins glamour qu'imaginer un accouchement? Et pourtant, n'est-ce pas la plus belle consécration d'un amour?

Je n'y arriverais jamais. Ces moments d'abattement qui nous tombent dessus sans crier gare. Ça vous prend à la gorge, ça vous submerge comme une vague où l'on se noierait. Ça vous empêche de respirer, ça vous donne la nausée. Et pourtant, le meilleur remède jamais pris a été pour moi la vision de ce petit être si mystérieux. Ce petit être que j'avais créé, moi. Moi qui ne suis finalement rien ou pas grand chose. Ce petit être que j'avais porté et qui aujourd'hui m'empêchait de respirer. De sortir. De voir la lumière du jour, de prendre un bain, d'aller chez le coiffeur, de lire un livre, de dormir. Évidemment qu'à un moment on se sent dépassé. Mais surmonter ça n'est pas la plus belle preuve d'amour que l'on a à l'égard de nos enfants?

Rester à la maison 24h/24 avec son enfant c'est bien sûr une chance incroyable. C'est ne rater aucun moment important. Voir chaque progrès, être là pour le soutenir à chaque nouvelle petite chose qu'il est capable de faire. Et pourtant, c'est difficile. C'est accepter de vivre pour lui, tout le temps. De vivre à travers lui. Et c'est parfois étouffer. Les mères en parlent trop peu, pas assez. Les médecins, les livres, les pédiatres. Personne ne te prévient. Surmonter cette honte est difficile. Savoir lâcher prise est important. Il faut pouvoir dire à un moment "Je n'en peux plus". C'est prendre 30 minutes dans la salle de bain juste pour soi. Lire un roman. Se mettre du vernis. Ou juste dormir. Penser à autre chose. Allaiter, sieste, panade, seins, tutute, biberons, couches, dormir, sont autant de mots qui tournent en boucle dans nos cerveaux. Mais où est le bouton stop? Où est le bouton "silence"? Qu'est-il arrivé à l'être que j'étais avant? Où sont passés mon insouciance, mon égoïsme, cette liberté d'esprit qui semble à jamais évanouie?

J'ai été bouleversée car je me suis reconnue à chaque instant. J'ai revécu chaque moment. Chaque coups de pieds, accouchement, effondrement, euphorie, nausée, questionnement, abattement, joie, pleurs. Et je me suis rappelée que je n'avais jamais été seule, au fond.
"La petite ouvrait les yeux et les refermait, étonnée au milieu de son désespoir, elle était là, soudain, jetée dans le monde alors qu'elle n'avait rien demandé, elle était là et elle n'avait que moi, et c'était moi qui allais tout lui expliquer.
J'étais l'ange de la vie qui l'accueillait dans ce monde, que j'avais jugé assez beau finalement pour l'y faire venir."

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire